ROUBY GILLES CAC MJC RONCERAY LE MANS

Le quinquennat d’E. Macron s’achève actuellement. En prenant un peu de hauteur sur l’actualité, que souhaiteriez-vous exprimer sur son bilan en matière de vie associative ? De manière générale, a-t-on plutôt assisté à des avancés ? Des reculs ? Que peut-on retenir, selon vous, globalement, de ces 60 derniers mois ? Ce qui me semble remarquable, c'est que ce gouvernement a pris la main et ne considère plus le secteur associatif comme une réponse aux questions de la société. Pour Macron, les associations sont des supplétifs de base de l'action publique. Les petites mains indispensables, les derniers de cordée de la société civile. La création d'une fondation La France s'engage, par F Hollande, en était le premier symptôme. Les appels à Impact Social en sont la dernière forme. Les mots ENGAGEMENT et BENEVOLAT deviennent centraux. Création de la plateforme benevolat.fr(engagement) ou jeveuxaider.gouv.fr (réserve civique lors de la crise sanitaire) vont dans ce sens. Un état qui intervient directement, en discréditant l'action associative structurée. Un ensemble de structures y proposent des offres directes. Le gouvernement nie le rôle politique des associations et développe une communication basée sur l'action directe, l'engagement individuel... Derrière on voit comment l'appel à la philanthrope y participe directement. C'est bien sûr dans la même veine que le développement du service civique comme la mise en place du SNU.
Dans votre domaine d’activité, quelles vous semblent être les évolutions les plus marquantes à relever ? Le paysage a-t-il changé ? Par rapport à 2017, quelle est la situation dans votre secteur ? Les MJC, comme dans de nombreuses structures du même type, de petite ou moyenne importance, agissent localement, à partir d'un lieu souvent mis à disposition par la collectivité. On assiste de plus en plus à une volonté de reprendre en main ces espaces d'éducation populaire. Les élus ont du mal avec cette idée d'espaces indépendants. Ils veulent pouvoir développer leur politique pour pouvoir s'en réclamer ouvertement. Les élus veulent du clinquant, que ça brille et que ça se voit. Le travail de fourmi ne les intéresse plus. Dans les quartiers ils veulent parler sécurité plus que éducatif. Des groupes, comme SOS, et même des réseaux historiques, sont des acteurs parfaitement adaptés à ces politiques managériales. Les associations sont amenées à devenir soit de petits business, soit des jeunes start'up de territoire. Le plan Attal pour la vie associative incite à cette politique. Les 1000 cafés du groupe SOS sont sur cette même logique. Pour les communes, il est simple de stopper brutalement une convention avec une association pour faire du neuf. Les appels d'offre, et autres DSP en sont les outils.
Nous entrons donc dans un moment charnière entre deux quinquennats. Dans cette campagne électorale qui commence avez-vous déjà entendu des idées, des pistes d’action, des propositions qui ont particulièrement retenues votre attention ?… Et si non, pensez-vous à des idées, des pistes d’actions ou des propositions que vous aimeriez entendre ces prochaines semaines et ces prochains mois ? Lors d'une réunion, quelqu'un a dit : et si on combattait nationalement le recours systématique à des appels à projets, appels d'offre. Obtenir l'engagement d'autres relations avec les financeurs, basées sur 'histoire et des processus repensés d'évaluation des actions et de leurs effets. Comment prendre en compte l'utilité sociale de l'action, et des débordements de l'action. Ce qui se passe réellement pour les habitants, les bénéficiaires. Ca rejoint l'idée de Conseils locaux de la vie associative, en prenant le temps de construire un cadre, une sorte de charte nationale de ces Conseils. Comment les associations sont soutenues localement, et à tous les échelons, tout en étant assurées de leur indépendance d'action et de parole. Accompagner ces logiques par des dispositifs confiés aux réseaux nationaux.
Nous sommes le 1er mai 2022. Et, c’est une immense surprise mais vous venez d’être nommé Ministre chargé de la vie associative par le candidat issu de la primaire populaire qui vient d’être élu (contre toute attente) à la présidence de la République. Quelles sont les premières mesures sur lesquelles vous décidez alors de travailler ? Assurément je forme un ministère de la vie associative, de l'éducation populaire et de la citoyenneté (MVAEPC) C'est essentiel. Il ne s'agit là ni de jeunesse, ni de sport, ni d'éducation nationale qui peuvent se retrouver dans un autre grand ministère (MJSEN) dont l'enjeu serait l'éducatif. Le MVAEPC aurait pour enjeu la démocratie. Il pourrait travailler à l'intervention dans les territoires. Les quartiers populaires comme les territoires ruraux. Il appuierait les initiatives locales pour la transition, l'émergence de Tiers Lieux et d'espaces structurant dans chaque canton, chaque quartier et commune. Des maisons de la vie associative. Il pourrait aussi s'appuyer sur des outils comme les conférences citoyennes, ou des conseils locaux.
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