Jean-Baptiste Jobard - CAC
Le quinquennat d’E. Macron s’achève actuellement. En prenant un peu de hauteur sur l’actualité, que souhaiteriez-vous exprimer sur son bilan en matière de vie associative ? De manière générale, a-t-on plutôt assisté à des avancés ? Des reculs ? Que peut-on retenir, selon vous, globalement, de ces 60 derniers mois ?
Tout avait mal commencé... Et ça a encore plus mal fini !
Le monde associatif est tellement peu ou tellement mal "dans les radars" du macronisme qu'il est tout de même stupéfiant de se souvenir que la vie associative avait été purement et simplement oublié au début du quinquennat. La DJEPVA a tout de même était une administration orpheline de rattachement ministériel pendant plusieurs semaines... jusqu'à cette funeste décision consistant à la placer sous l'égide d'un ministre qui ne s'en soucie comme d'une guigne : JM Blanquer ministre de l'éducation nationale.
Pour un gouvernement libéral, les choses sont finalement assez simples concernant les associations : il y a des bonnes et des mauvaises associations. Les mauvaises sont celles qui portent un discours critique et des alternatives au système en place. Les bonnes sont celles dont l’influence sur l’évolution de la société est limitée soit car leur action se réduit à une démarche caritative soulageant les pointes de misère les plus flagrantes. Soit car elles sont cantonnées à un tiers-secteur subalterne les contraignant, via l’imposition d’un cadre concurrentiel, à n’être plus que des prestataires-gestionnaires d’une sorte de sous-service public.
Dans leurs "logiciels" tout est réduit à la calculette, après tout ne dépense-t-on pas un "pognon de dingues" (et notamment sous formes de financement d'actions associatives) pour ces pauvres qui sont tellement rien qu'ils ne sont même pas capables de s'en sortir ? La traduction la plus flagrante de "cette approche par la calculette" c'est la facilité avec laquelle ce gouvernement a engagé à l'été 2017 le "plus grand plan de licenciement de l'histoire de France" (ah non pardon, on dit "plan de sauvegarde de l'emploi" dorénavant avec le passage de 465 000 à moins de 200 000 emplois aidés (oubliant par là même qu'il s'agissait surtout d'emplois-aidants) en 2 ans.
Le sort réservé au résultat de la concertation nationale qui s'est ouvert pour calmer le mouvement de protestation en 2018 est un bien triste indicateur du regard que l'on porte sur le monde associatif au pays de la "start up nation"
... Et pour faire court, on ne parle pas ici du baratin sur "la philanthropie à la française", du pari et de l'argent mis sur les "contrats à impact social" et autres foutaises
Dans votre domaine d’activité, quelles vous semblent être les évolutions les plus marquantes à relever ? Le paysage a-t-il changé ? Par rapport à 2017, quelle est la situation dans votre secteur ?
Tous les secteurs semblent avoir un point commun : la marchandisation et la prise en compte croissante de logique lucrative dans un secteur pourtant, théoriquement, non lucratif
Nous entrons donc dans un moment charnière entre deux quinquennats. Dans cette campagne électorale qui commence avez-vous déjà entendu des idées, des pistes d’action, des propositions qui ont particulièrement retenues votre attention ?… Et si non, pensez-vous à des idées, des pistes d’actions ou des propositions que vous aimeriez entendre ces prochaines semaines et ces prochains mois ?
Oui, il y en plein fort heureusement. La sécurité sociale alimentaire, les propositions autour du salaire à vie, les revendications portés par les "commoners", le fleurissement des alternatives concrètes de terrain dont témoigne la cartographie du Transiscope...
Structurellement, un des leviers importants de l'action à venir est semble-t-il de réfléchir au fait qu'un financement du monde associatif est possible...
Nous sommes le 1er mai 2022. Et, c’est une immense surprise mais vous venez d’être nommé Ministre chargé de la vie associative par le candidat issu de la primaire populaire qui vient d’être élu (contre toute attente) à la présidence de la République. Quelles sont les premières mesures sur lesquelles vous décidez alors de travailler ?
Je lance un aggiornamento du financement du monde associatif pour construire une autre société sur des bases plus solidaires, durables et démocratiques. Dans la foulée, je supprime la loi censée conforter "le respect des principes de la République" car il s'agit d'une loi anti-associations. Je lance également rapidement un séminaire national pour une démarche de progrès dans le fonctionnement des associations.
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