Georges Bennavail -Réseau des Initiatives en Haute Vallée de l'Aude

Le quinquennat d’E. Macron s’achève actuellement. En prenant un peu de hauteur sur l’actualité, que souhaiteriez-vous exprimer sur son bilan en matière de vie associative ? De manière générale, a-t-on plutôt assisté à des avancés ? Des reculs ? Que peut-on retenir, selon vous, globalement, de ces 60 derniers mois ? Pendant un an et demi, l’art était « non essentiel », gelé, interdit. Et aujourd’hui, en tant qu’artistes pour reprendre la pratique de notre art ou en tant que public pour se rendre à une manifestation artistique, nous devrions nous soumettre à une expérience médicale à grande échelle ; et de plus, en tant qu’artistes, nous devrions accepter de jouer devant un public discriminé. Nous, artistes, qui avons dédié nos vies à l’expression de la beauté et au partage, nous refusons de jouer ce jeu d’une autorité qui s’emballe, pour le principal profit de la haute finance et des grands laboratoires.
Dans votre domaine d’activité, quelles vous semblent être les évolutions les plus marquantes à relever ? Le paysage a-t-il changé ? Par rapport à 2017, quelle est la situation dans votre secteur ? Nous ne voulons pas que le lien social dépende d’un chantage à notre intégrité. Lorsqu’un Etat outrepasse les limites des pouvoirs que les citoyens lui ont confiés, ceux-ci ont le devoir de résister, l’obéissance n’étant alors plus une qualité civique mais seulement de la peur. Nous choisissons de ne pas avoir peur. Nous choisissons de résister. Au risque d’être dénigrés, au risque de perdre notre emploi, nos revenus, notre mode de vie. Nous gagnerons autre chose. Parce qu’il faut bien que quelques-uns au moins le fassent.
Nous entrons donc dans un moment charnière entre deux quinquennats. Dans cette campagne électorale qui commence avez-vous déjà entendu des idées, des pistes d’action, des propositions qui ont particulièrement retenues votre attention ?… Et si non, pensez-vous à des idées, des pistes d’actions ou des propositions que vous aimeriez entendre ces prochaines semaines et ces prochains mois ? Nous appelons les artistes, lest acteurs de la vie culturelle et tous ceux qui veulent de l’art vivant et libre dans leur vie, à rejoindre des réseaux afin de créer une solidarité dans un métier qui a une réputation d’individualisme, d’échanger des idées, des informations, des contacts et des outils ; afin d’inventer d’autres façons de VIVRE. Et dans l’espoir que nous serons suffisamment nombreux pour pouvoir nous faire entendre.
Nous sommes le 1er mai 2022. Et, c’est une immense surprise mais vous venez d’être nommé Ministre chargé de la vie associative par le candidat issu de la primaire populaire qui vient d’être élu (contre toute attente) à la présidence de la République. Quelles sont les premières mesures sur lesquelles vous décidez alors de travailler ? Un peu partout en France ont fleuri des initiatives pour accueillir l’art dans la sphère privée. Reprendre cette belle idée en lui donnant une couleur encore plus engagée, en appelant tous les citoyens qui ont besoin de l’art à participer, chacun selon ses possibilités, à un maillage solidaire de rencontres artistiques hors circuit. Avez-vous pensé à accueillir l’art chez vous ? Il suffit d’avoir un grand salon, un jardin, une cour, un hangar, un garage, un toit terrasse, une péniche, une yourte ! Accueillir l’art chez soi n’a rien de nouveau, mais l’idée est d’y introduire un degré d’engagement supplémentaire, dans l’esprit des dominos : proposons à nos invités de ne pas se contenter de venir assister mais de participer à un événement : en s’engageant par la présence, et par un soutien financier quand c’est possible… la solidarité peut prendre toutes sortes de formes ! Devenons des connecteurs, en suscitant, réparant et soignant les liens sociaux tant mis à mal ces temps-ci. Proposons ensuite à nos invités de réfléchir à la possibilité d’accueillir à leur tour un ou des artistes chez eux, et à leur tour passer le relai, dans le but de créer un maillage ininterrompu. En participant à la diffusion de l’art hors système, nous ne faisons pas que soutenir des « artistes évincés » : nous créons et renforçons des liens et des réseaux, de vraies relations humaines et concrètes qui constituent la plus grande des forces de résistance…
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