Edith JAMES

Le quinquennat d’E. Macron s’achève actuellement. En prenant un peu de hauteur sur l’actualité, que souhaiteriez-vous exprimer sur son bilan en matière de vie associative ? De manière générale, a-t-on plutôt assisté à des avancés ? Des reculs ? Que peut-on retenir, selon vous, globalement, de ces 60 derniers mois ? Les pouvoirs publics n'assurent plus leurs missions auprès de la jeunesse et des populations précaires, qu'il s'agisse d'accès à la culture ou d'accueil des exilés. Les associations doivent donc prendre à leur charge toutes ces fonctions délaissées sans pour autant avoir plus de soutiens, notamment financiers. L'engagement est prôné comme une valeur pour remettre sur l'individu la fonction de compenser les failles systémiques qui se sont approfondies depuis 5 ans. Par conséquent reposent sur les individus engagés dans le monde associatif une charge de plus en plus grande et une dissonance de plus en plus difficile à assumer : nous n'avons pas les moyens de nos missions. Nous sommes donc condamnés à faire le peu que l'on peut, à faire vite et mal, partiellement, avec des budgets déséquilibrés et des équipes en sous-effectifs. Les contrats aidés, adultes relais et volontaires en service civique sont des recours fréquents à cette situation de précarité économique, nous obligeant à reproduire et perpétuer cette précarité.
Dans votre domaine d’activité, quelles vous semblent être les évolutions les plus marquantes à relever ? Le paysage a-t-il changé ? Par rapport à 2017, quelle est la situation dans votre secteur ? L'équilibre associatif repose de plus en plus sur des subventions liées à des appels à projets, de moins en moins sur des conventionnements, les dotations publiques ayant été diminuées (fin de la taxe d'habitation ?) en même temps que les transferts de compétences chargent les institutions locales de plus en plus de responsabilités. Nous sommes en sous-effectifs et notre bilan montre un déficit qui va être difficile à combler. Les appels à projet nous poussent à répondre à la demande, à créer des actions qui rentrent dans les bonnes cases au risque de s'éloigner de l'esprit du projet asso d'origine, mais également au risque de creuser le déficit, si jamais nous ne saisissions pas cette opportunité.
Nous entrons donc dans un moment charnière entre deux quinquennats. Dans cette campagne électorale qui commence avez-vous déjà entendu des idées, des pistes d’action, des propositions qui ont particulièrement retenues votre attention ?… Et si non, pensez-vous à des idées, des pistes d’actions ou des propositions que vous aimeriez entendre ces prochaines semaines et ces prochains mois ? La piste d'un revenu universel est intéressante : pour libérer du temps pour celles et ceux qui préfèrent l'engagement pour l'émancipation plutôt que pour la productivité dans un monde qui arrive à saturation.
Nous sommes le 1er mai 2022. Et, c’est une immense surprise mais vous venez d’être nommé Ministre chargé de la vie associative par le candidat issu de la primaire populaire qui vient d’être élu (contre toute attente) à la présidence de la République. Quelles sont les premières mesures sur lesquelles vous décidez alors de travailler ? Faire un diagnostic à l'aide des parties concernées : je n'ai pas la science infuse malgré ma fonction. Les concernées sont les mieux placées pour témoigner et faire part de leurs besoins. Bien évidement il va falloir augmenter le financement du monde associatif pour lui donner l'autonomie dont il a besoin, pour lui permettre de recruter et de proposer des emplois pérennes pour mener à bien toutes ses missions.
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