[12/02/24] Décroissance

Café’CAC – mardi 13 février 2024 (9h à 10h45) en visio

Avec Fleur MB de la Maison Commune de la Décroissance
L'occasion de nous poser la question : Et si la perspective de la décroissance était un levier politique puissant pour les associations ?

Compte-rendu d'après les notes collectives

Tour de visio des 18 participant.es (les liens des actu et préoccupations partagées sont dans les ressources tout en bas de ce pad)

La "MCD" est née en 2017 après un processus collectif des 2 ans : https://ladecroissance.xyz/category/qui/comptes-rendus-processus/

Au regard des défis, on a l'impression que la décroissance pourrait se présenter comme une évidence... mais ce n'est pas du tout le cas ! On constate un grande Puissance du "récit de la croissance".
  • Est-ce que la décroissance peut être un futur désirable ?
  • Comment cette question peut éclairer le rôle politique des associations ?

Je vais commencer à parler d'associations avant de parler de la décroissance. On travaille justement sur cette thématique "lien associations et décroissance" à la MCD.
La mcd n'est pas un lieu physique mais une organisation nationale visant à bâtir des fondations solides appuyés sur ces 3 piliers :
  • les alternatives concrètes
  • mvts décroissance dans le champ électoraliste mais pas très bon sur le plan du discours
  • avancer dans la théorie politique, manque corpus et donc on est une sorte de think tank, producteurs d'idées

Retourner la question de départ : comment les assos, selon nous, peuvent-elles être un levier pour la décroissance?
Réflexion théorique que nous menons mais aussi une feuille de route pratique : réfléchir au poids des assos pour levier pour la décroissance.

On part de deux points de critiques sur le monde associatif et les [AC] Alternatives Concrètes (amap, mlc etc), soit l'ESS au sens large :
  • Critique de la théorie de l'essaimage (développé par Jérôme Baschet)
Avec l'idée qu'en multipliant les alternatives concrètes, on va arriver à un seuil de masse critique et un basculement politique.
Cela nous semble politiquement assez naïf comme vision du changement politique, pas de vision politique commune, la juxtaposition des initiatives politiques ne produit pas forcément de projet politique en commun.
Et pas d'exemple historique, alors à quoi servent-elles ? Qu'est-ce qui fait leur cohérence d'ensemble ?

  • Critique de l'atelier paysan (qui travaille sur des outils agricole réparables, bricolables = réappropriation des outils) - https://www.latelierpaysan.org/
et leur ouvrage "reprendre la terre aux machines" : https://www.youtube.com/watch?v=9JK7PpIbzsM
Leur livre fait leur autocritique, citation sur la question sur le fait que finalement toutes ces alternatives ne viennent pas renforcer le système dominant en offrant des échappatoires au monde actuel à tous celles et ceux qui veulent un autre système qui du coup reste très occupé.es à monter une monnaie locale, amap... et du coup éloigné.es de la politique et vient renforcer le système dominant.
Pire qu'être inefficace et improductif, ne viendrons-nous pas renforcer le système dominant ?

Comment lutter contre cet éparpillement, ce morcellement des alternatives et leur inefficacité (voire contre-productivité) ?
Face à cela, comment on fait pour sauver le secteur de l'associatif et lui donner une chance face à ces deux critiques fortes avec lesquelles on est d'accord, comment faire pour lutter contre cette inefficacité politique voire contre-productivité. Car ces initiatives ne sont pas suffisantes mais elles sont bien nécessaires ! Comment on n'exclue pas le faire ? Car il ne faut pas rester uniquement au niveau des idées politiques...

>> La décroissance ne serait-il pas un levier pour éviter, à la fois l'épuisement politique et l'apolitisme des initiatives ?

On manque de "stratégies de mise en cohérence des alternatives" ou d'"espaces politiques pour les construire" et pour nous la perspective d'ensemble est la décroissance.

UNE PISTE DE TRAVAIL : cartographie en toile d'araignée politique
Le CAC fait partie du Transiscope mais doit-on continuer à faire des listes ainsi ?
La piste que nous voulons creuser avec vous (avec un gros travail à fournir) mêlant les cartes & les listes d'initiatives, que nous proposons de rentrer dans une perspective systématique. L'idée serait de les rentrer plutôt de ranger non plus par thème mais bien plutôt dans une sorte de "toile d'araignées politique"
Nous défendons la décroissance comme un trajet entre le monde qu'on rejette et le monde qu'on projette, on sait le monde que l'on rejette et nous voyons le monde que nous projetons, mais la transition, le passage de l'un à l'autre, est plus complexe. Or nous pensons que la décroissance est le trajet entre les deux.
Dans les Alternatives Concrètes (AC), on peut voir déjà un chemin (de la transition) mais il leur manque une cohérence d'ensemble (même si elles sont insuffisamment inscrites dans un cadre transformateur), ce que la décroissance peut fournir.
Ces AC peuvent montrer, mettre en mot et en visualisation ces trajectoires en s'inscrivant sur une carte.
Donc l'enjeu n'est pas de se contenter de les lister seulement mais de les ranger selon des axes de transition (permettant de donner des "fiches d'identités politiques").

Pour donner à voir ce que donnerait cet outil que nous proposons, en voici les 6 axes :
  • l'axe du temps (échelle proche, moyenne, longue ... qq chose faisable maintenant, dans 5 ans, 10 ans... valable maintenant mais pas forcément plus tard etc)
  • axe des attitudes (proche des institutions ou éloigné des institutions),
  • axe territoriale (locale, régionale, nationale, européenne, internationale ... de l'action très locale au plus vastes)
  • axe du rapport à la technique (numérique ou pas, technologique ou pas),
  • axe politique (quel degré de politisation : du simple "faire" ou également du développement du plaidoyer, etc)
Le tout organisé dans sorte de toile d'araignée de classement des associations qui permettait de faire système, de trier ce qui relève du cadre décroissant ou pas, un outil au début de la réflexion et une volonté de travailler avec le monde associatif pour y apporter la décroissance sur ce système d'axes.
La construction de cet outil est un chantier ouvert au monde associatif

COMMENT LA DÉCROISSANCE PEUT ÊTRE LE CADRE D'UNE ACTION POLITIQUE POUR LES ASSOCIATIONS ?

TEMPS DE QUESTIONS-RÉPONSES

Question de Daniel H : croissance - décroissance c'est binaire mais aussi question de savoir ce que serait une autre croissance ?
Fleur : la MCD assume le rôle de décroissance comme moyen d'affirmer une opposition politique à la croissance. On pense en effet que la croissance c'est une emprise économique qui nous entraine dans une logique qui nous conduit dans le mur écologiquement (donc le but c'est bien une baisse de l'extraction, de la production, des déchets).
Mais c'est aussi une emprise sociale et politique sur nos imaginaires (une "colonisation" de nos imaginaires") qui se traduit par une triple valorisation :
  • du plus
  • du nouveau
  • du vite
Décroissance comme décrue et décolonisation (sans négation)
La priorité n'est pas l'activité économique mais les activités de reproduction sociale (permettant à la société de se renouveler, de se conserver, de se régénérer) et c'est en partie dans le monde associatif que sont prises en charge ces activités de reproduction sociale.


  • Question Didier R : ce sujet est au coeur de pbtiques essentielles et renvoie aussi aux enjeux autour des "communs" dont l'objectif est d'appréhender les questions liées aux ressources.
  • Sur le mot "décroissance " ça reste difficile à porter, exemple en Afrique. En revanche, la post-croissance (Geneviève Ferone)

Question Nan : le mot de croissance peut être "piégé" (expl des coach bien-être qui surfent sur la croissance du bonheur et du bien-être) alors que le mot décroissance oblige à une gymnastique intellectuelle intéressante. Cette idée de "cartographie-toile d'araignée" est très intéressante.
Idée qu'on peut difficilement parler de décroissance à qq'un au RSA mais en même temps il faut resituer ça dans une démarche politique globale.

RÉPONSE FLEUR : Cette cartographie est encore à l'état de prototype (donc très bien si cela vous intéresse) et veut tenter cet été, lors des festives de la décroissance, que chaque asso puisse se placer sur ces 6 axes, et à d'autres occasions que ce festival.
- Sur la question du "sud global" et de qui doit décroitre ?
on dit qu'il faut décroitre pour revenir au sein de "l'espace écologique" qui se situe entre un plancher et un plafond (ad'h on a des modes de production économique qui nous font crever les plafonds et pour autant une grande partie de la population vit sous les planchers)

Espace de "pauvreté volontaire" (extrêment développé dans le sud, cette notion de sobriété - de "suffisant) en référence à l'auteur iranien Majid RAHNEMA et notamment son livre "Quand la misère chasse la pauvreté" https://www.actes-sud.fr/catalogue/societe/quand-la-misere-chasse-la-pauvrete


Intervention Dominique (S3A) : Comment mettre en place la décroissance dans des quartiers populaires ? Dans ces quartiers être au rsa est une vraie charge mentale qui pèse et donc il est difficile de parler de décroissance.
Fleur : ceux qui doivent "décroitre" ce sont bien ceux qui sont au-dessus des plafonds (pas celles et ceux au-dessous des planchers !)

  • Questions J-B : Enjeu à débattre autour de la question du nom du projet politique et des notions utilisées
  • Intervention qui donne envie de relire 2 chapitres spécifiques du livre "quel monde associatif demain" : "la prospective pour concevoir et porter l'alternative" de Christine Chognot + de Geoffray Pleyers "entraide et solidarité en temps de pandémie, une actualité internationale"
  • Proposition de discuter de ces enjeux dans l'espace de travail "transiscope" au regard de ces évolutions : pas simplement des poitns sur une carte mais leur actualité. et surtout la manière dont ces point peuvent se relier.
  • Le chantier "construction outil toile d'araignée" rejoint pour nous "la bataille de l'évaluation" (la question est comment on peut éviter une posture qui apparaitrait trop normative et qui soit davantage questionnante).
  • Importance de l'alliance entre AC et institutions (3 réseaux notamment : rtes, fréquence commune et la fabrique des transitions)

Fleur Dans les milieux alternatifs on restent souvent sans trancher (entre décroisance et croissance, laissant à chacun la responsabilité), comme s'il y avait une emprise politique d'équivalence, neutraliste de la croissance, mais non.

La décroissance définit en 2 mots : la décroissance des inégalités avant tout !


Ressources et liens partagés


Actu


Liens CAC