A ce jour, il existe très peu de contrats à impact social qui soient arrivés à terme. L'expérience de la prison de Peterborough au Royaume-Uni, premier contrat à impact social à avoir été mis en oeuvre au monde, revient dans beaucoup de présentations. Initialement prévu pour durer 7 ans, ce contrat porté par Social Finance a finalement été arrêté en 2015 en raison, semble-t-il, de l'entrée d'un programme d'Etat destiné à ce public qui venait doubler ce contrat... Ce programme de 6 millions d’euros visait à réduire le taux de récidive des personnes sortant de prison après une courte peine, moins de 12 mois de prison. Le programme était décliné sur trois cohortes de 1000 détenus, le paiement au résultat était déclenché si la baisse était au minimum de 10% pour une des trois cohortes ou supérieure, à la fin du programme, à 7,5% sur l'ensemble des cohortes. Le paiement des 17 investisseurs s'échelonnaient avec des intérêts de 2% à 13% remboursés par le ministère de la Justice et le Fonds de la Loterie nationale. Sept associations étaient impliquées dans le programme réunies dans un "consortium" appelé One Service. Il ressort de ce premier SIB, outre le taux très élevé de retour sur investissement et donc de coût pour la puissance publique, la lourdeur de la démarche - chaque cohorte devait être comparées avec un groupe témoin de 10 000 détenus de courtes peines qui ne bénéficiaient pas du programme pour pouvoir comparer les taux de récidive, le contrat s'appuyait sur la méthode appelée d'appariement sur score de propension -, le coût très important de la mise en oeuvre et de l'évaluation - qui n'ont pas été rendus public- et la place centrale du financeur Social Finance qui a réuni les 7 associations appelées à mettre en oeuvre le projet. Par ailleurs, l'objectif était fixé sur le calcul d'un taux de récidive observé pendant les 12 mois suivant la sortie de prison, peu importe ce que devenait les personnes ensuite et si le programme d'accompagnement proposé leur permettait de se projeter au-delà de ces 12 mois. Une question se pose aussi sur l'utilisation des données récoltées pour constituer les groupes témoins, au final un fichier de 31114 détenus de tout le Royaume-uni a été constitué. Surtout,
l'étude de cas réalisée en 2017 par IIlab et Avise, promoteurs de l'investissement à impact, précise qu'il ne répond pas à une question pourtant centrale si le pouvoir souhaite étendre le dispositif : "pourquoi et comment ce programme a-t-il fait baisser le taux de récidive des bénéficiaires ?" D'ailleurs, l'a-t-il fait baisser ? Cette même étude de cas révèle que dans une des cohorte analysée, le taux de récidive, défini par le taux de condamnations, a été de 1,42 condamnation par personne, 12 mois après sa sortie de prison, pour 1,55 condamnation par personne pour le groupe témoin... Pas flagrant comme réussite ! Par ailleurs, le bilan publié par le ministre de la Justice anglais sur ce SIB souligne que les personnes suivies dans le cadre de ce programme étaient toutes enthousiastes sur leur expérience (évidemment, un suivi intensif par 7 associations cela change des sorties sèches), en revanche il souligne aussi que si le suivi a été dense les premiers mois, il ne restait plus qu'une personne sur cinq en lien avec One Service après trois mois de programme...